Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/317

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et ayant déjà des desseins sur l’empire, voulut consulter l’oracle de Sérapis, mais qu’il fit auparavant sortir tout le monde du temple. Peut-être cependant n’entra-t-il pas pour cela dans le sanctuaire. À ce compte, les exemples d’un tel privilège seront très rares, car mon auteur avoue qu’il n’en connaît point d’autres que ces deux-là, si ce n’est peut-être qu’on y veuille ajouter ce que Tacite dit de Titus, à qui le prêtre de la Vénus de Paphos ne voulut découvrir qu’en secret beaucoup de grandes choses qui regardaient les desseins qu’il méditait alors ; mais cet exemple prouve encore moins que celui de Vespasien la liberté que les prêtres accordaient aux grands d’entrer dans les sanctuaires de leurs temples. Sans doute il fallait un grand crédit pour les obliger à la confidence de leurs mystères, et même ils ne la faisaient qu’à des princes naturellement intéressés à leur garder le secret, et qui, dans le cas où ils se trouvaient, avaient quelque raison particulière de faire valoir les oracles.

Dans ces sanctuaires ténébreux étaient cachées toutes les machines des prêtres, et ils y entraient par des conduits souterrains. Rufin nous décrit le temple de Sérapis tout plein de chemins couverts ; et, pour rapporter un témoignage encore plus fort que le sien, l’Écriture sainte ne nous apprend-elle pas comment Daniel découvrit l’imposture des prêtres de Bélus, qui savaient bien rentrer secrètement dans son temple pour prendre les viandes qu’on y avait offertes ? Il me semble que cette histoire seule devait décider toute la question en notre faveur. Il s’agit là d’un des miracles du paganisme qui était cru le plus universellement, de ces victimes que les dieux prenaient la peine de venir