Aller au contenu

Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/350

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

temple plus de cinq cents statues, soit d’hommes, soit de dieux, toutes de bronze ; et que, pour profaner ou pour abolir à jamais l’oracle, il fit égorger des hommes à l’ouverture de la caverne sacrée d’où sortait l’esprit divin.

Que l’oracle, après une telle aventure, ait été muet jusqu’au temps de Domitien, en sorte que Juvénal ait pu dire alors que Delphes ne parlait plus, cela est merveilleux.

Cependant il ne faut pas qu’il ait été tout à fait muet depuis Néron jusqu’à Domitien, car voici comme parle Philostrate dans la Vie d’Apollonius de Tyane, qui a vu Domitien : « Apollonius visita tous les oracles de la Grèce, et celui de Dodone, et celui de Delphes, et celui d’Amphiaraos, etc. »

Ailleurs il parle encore ainsi : « Vous pouvez voir Apollon de Delphes, illustre par les oracles qu’il rend au milieu de la Grèce. Il répond à ceux qui le consultent, comme vous le savez vous-même, en peu de paroles, et sans accompagner sa réponse de prodiges, quoiqu’il lui fût fort aisé de faire trembler le Parnasse, d’arrêter la course du Céphyse et de changer les eaux de Castalie en vin. Il vous dit simplement la vérité et ne s’amuse point à faire une montre inutile de son pouvoir. »

Il est assez plaisant que Philostrate prétende faire valoir son Apollon, parce qu’il n’était pas grand faiseur de miracles. Il pourrait y avoir en cet endroit-là quelque venin contre les chrétiens.

Nous avons vu comment, du temps de Plutarque, qui vivait sous Trajan, cet oracle était encore sur pied, quoique réduit à une seule prêtresse, après en avoir eu deux ou trois. Sous Adrien, Dion Chrysostome