Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/363

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rayon se retirait de dessus la bouche de Sérapis, le soleil lui avait assez fait sa cour, et il allait à ses affaires.

Après que Théodose eut défait le rebelle Eugène, il alla à Rome où tout le sénat tenait encore pour le paganisme. La grande raison des païens était que, depuis douze cents ans, Rome s’était fort bien trouvée de ses dieux, et qu’elle en avait reçu toutes sortes de prospérités. L’empereur harangua le sénat et l’exhorta à embrasser le christianisme ; mais on lui répondit toujours que, par l’usage et l’expérience, on avait reconnu le paganisme pour une bonne religion, et que si on le quittait pour le christianisme, on ne savait ce qui en arriverait. Voilà quelle était la théologie du sénat romain. Quand Théodose vit qu’il ne gagnait rien sur ces gens-là, il leur déclara que le fisc était trop chargé des dépenses qu’il fallait faire pour les sacrifices, et qu’il avait besoin de cet argent-là pour payer ses troupes. On eut ‘beau lui représenter que les sacrifices n’étaient point légitimes s’ils ne se faisaient de l’argent public, il n’eut point d’égard à cet inconvénient.

Ainsi les sacrifices et les anciennes cérémonies cessèrent, et Zosime ne manque pas de remarquer que, depuis ce temps-là, toutes sortes de malheurs fondirent sur l’empire romain.

Le même auteur raconte qu’à ce voyage que Théodose fit à Rome, Serena, femme de Stilicon, voulut entrer dans le temple de la mère des dieux pour lui insulter, et qu’elle ne fit point de difficulté de s’accommoder d’un beau collier que la déesse portait. Une vieille vestale lui reprocha fort aigrement cette impiété et la poursuivit jusque hors du temple avec