Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/365

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n’étaient pas chrétiens de paraître à la cour avec un baudrier, ni d’avoir aucun commandement. Générid, païen, et même barbare, mais très brave homme, qui commandait les troupes de Pannonie et de Dalmatie, ne parut plus chez l’empereur, mit bas le baudrier et ne fit plus aucunes fonctions de sa charge. Honorius lui demandant un jour pourquoi il ne venait pas au palais en son rang, selon qu’il y était obligé, il lui représenta qu’il y avait une loi qui lui était le baudrier et le commandement. L’empereur lui dit que cette loi n’était pas pour un homme comme lui ; mais Générid répondit qu’il ne pouvait recevoir une distinction qui le séparait d’avec tous ceux qui professaient le même culte. En effet, il ne reprit point les fonctions de sa charge, jusqu’à ce que l’empereur, vaincu par la nécessité, eût lui-même rétracté sa loi. Si cette histoire est vraie, on peut juger qu’Honorius ne contribua pas beaucoup à la ruine du paganisme.

Mais enfin, tout l’exercice de religion païenne fut défendu, sous peine de la vie, par une constitution des empereurs Valentinien III et Martien, l’an 451 de Jésus-Christ. C’était là le dernier coup que l’on pût porter à cette fausse religion. On trouve pourtant que ces mêmes empereurs, qui étaient si zélés pour l’avancement du christianisme, ne laissaient pas de conserver quelques restes du paganisme, peut-être assez considérables. Ils prenaient, par exemple, le titre de souverains pontifes, et cela voulait dire souverains pontifes des augures, des aruspices, enfin de tous les collèges des prêtres païens et chefs de toute l’ancienne idolâtrie romaine.

Zosime prétend que le grand Constantin même, et Valentinien et Valens reçurent volontiers des pontifes