gile a si bien loué Caton, en disant qu’il préside à l’assemblée des plus gens de bien, qui, dans les Champs Élysées, sont séparés d’avec les autres ? C’est que Caton était mort ; et Virgile, qui n’espérait rien ni de lui, ni de sa famille, ne lui a donné qu’un seul vers, et a borné son éloge à une pensée raisonnable. D’où vient qu’il vous a si mal loué en tant de paroles au commencement de ses géorgiques ? Il avait pension de vous.
J’ai donc perdu bien de l’argent en louanges ?
J’en suis fâché. Que ne faisiez-vous ce qu’a fait un de vos successeurs, qui, aussitôt qu’il fut parvenu à l’empire, défendit, par un édit exprès, que l’on composât jamais de vers pour lui ?
Hélas ! il avait plus de raison que moi. Les vraies louanges ne sont pas celles qui s’offrent à nous, mais celles que nous arrachons.
DIALOGUE II.
SAPHO, LAURE.
Il est vrai que dans les passions que nous avons eues toutes deux, les muses ont été de la partie, et y ont mis beaucoup d’agrément ; mais il y a cette différence, que c’était vous qui chantiez vos amans, et moi j’étais chantée par le mien.
Hé bien, cela veut dire que j’aimais autant que vous étiez aimée.