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pas, on en pourra dire autant des sympathies, des horreurs, de tout ce qui a fait l’opprobre de l’ancienne philosophie scolastique. Pour recevoir ces sortes de propriétés essentielles, mais qui ne tiendraient point aux essences telles que nous les connaissons, il faudrait être accablé de phénomènes qui fussent inexplicables sans leur secours, et encore même alors ce ne serait pas les expliquer.


V.

L’attraction étant supposée, quelles en seront les lois ? J’entends bien qu’elle se réglera sur les masses ; j’entends aussi qu’elle se réglera sur les distances. Un corps aura besoin d’une force attractive d’autant plus grande, que celui sur lequel il doit agir sera plus éloigné ; et, ce qui en est une suite, il exercera d’autant mieux sa force, que ce second corps sera plus proche. De là s’ensuivra nécessairement que l’attraction se fera en raison inverse de la distance, ou, ce qui est le même, sera d’autant plus forte, que la distance sera plus petite ; mais il s’ensuivra aussi que cette force sera infinie quand la distance sera nulle, ou que les deux corps se toucheront ; ce qui ne paraît pas soutenable. Il y aurait alors entre deux corps qui se toucheraient, une cohésion que nulle force finie ne pourrait vaincre. Si deux corps allaient l’un vers l’autre, il serait toujours d’autant plus difficile de les faire retourner en arrière, qu’ils se seraient plus approchés l’un de l’autre, etc. ; car on ne peut pas compter tous les inconvéniens qui naîtraient de cette règle ou loi de l’attraction. Ils auraient beau être enveloppés et déguisés par différentes circonstances physiques, il ne serait pas pos-