Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome IV, 1825.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ceux qui s’élèvent jusqu’à la connaissance des génies et des habitans élémentaires.

MOLIÈRE.

Je conçois aisément que ce sont là les vraies sciences. Connaître les hommes que l’on voit tous les jours, ce n’est rien ; mais connaître les génies que l’on ne voit point, c’est toute autre chose.

PARACELSE.

Sans doute. J’ai enseigné fort exactement quelle est leur nature ; quels sont leurs emplois, leurs inclinations, leurs différent ordres ; quel pouvoir ils ont dans l’univers.

MOLIÈRE.

Que vous étiez heureux d’avoir toutes ces lumières ! Car à plus forte raison vous saviez parfaitement tout ce qui regarde l’homme ; et cependant beaucoup de personnes n’ont pu seulement aller jusques là.

PARACELSE.

Oh ! il n’y a si petit philosophe qui n’y soit parvenu.

MOLIÈRE.

Je le crois. Vous n’aviez donc plus rien qui vous embarrassât sur la nature de l’âme humaine, sur ses fonctions, sur son union avec le corps ?

PARACELSE.

Franchement, il ne se peut pas qu’il ne reste toujours quelques difficultés sur ces matières ; mais enfin on en sait autant que la philosophie en peut apprendre.

MOLIÈRE.

Et vous n’en saviez pas davantage ?

PARACELSE.

Non. N’est-ce pas bien assez ?