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reconnus pour ce qu’ils étaient, et avaient péri malheureusement. Vous deviez bien vous donner la peine d’imaginer quelque tromperie plus nouvelle ; il n’y avait plus d’apparence que celle-là, qui était déjà usée, dût réussir.

LE FAUX DÉMÉTRIUS.

Entre nous, les Moscovites ne sont pas des peuples bien raffinés. C’est leur folie que de prétendre ressembler aux anciens Grecs ; mais Dieu sait sur quoi cela est fondé.

DESCARTES.

Encore n’étaient-ils pas si sots, qu’ils pussent se laisser duper par trois faux Démétrius de suite. Je suis assuré que quand vous commençâtes à vouloir passer pour prince, ils disaient presque tous d’un air de dédain : Quoi ! est-il encore question de voir des Démétrius ?

LE FAUX DÉMÉTRIUS.

Je ne laissai pourtant pas de me faire un parti considérable. Le nom de Démétrius était aimé : on courait toujours après ce nom. Vous savez ce que c’est que le peuple.

DESCARTES.

Et le mauvais succès qu’avaient eu les deux autres Démétrius ne vous faisait-il point de peur ?

LE FAUX DÉMÉTRIUS.

Au contraire, il m’encourageait. Ne devait-on pas croire qu’il fallait être le vrai Démétrius, pour oser paraître après ce qui était arrivé aux deux autres ? C’était encore assez de hardiesse, quelque vrai Démétrius qu’on fût.

DESCARTES.

Mais quand vous eussiez été le premier qui eussiez