Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/100

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de la Terre vers le firmament, ils les voient plus petites que nous ne les voyons, et n’en reçoivent que bien peu de lumière.

Je ne suis pas si touchée, dit la Marquise, de cette perte-là que font les habitants de Mercure, que de l’incommodité qu’ils reçoivent de l’excès de chaleur. Je voudrois bien que nous les soulageassions un peu. Donnons à Mercure de longues et d’abondantes pluies qui le rafraîchissent, comme on dit qu’il en tombe ici dans les pays chauds pendant des quatre mois entiers, justement dans les saisons les plus chaudes.

Cela se peut, repris-je, et même nous pouvons rafraîchir encore Mercure d’une autre façon. Il y a des pays dans la Chine qui doivent être très chauds par leur situation, et où il fait pourtant de grands froids pendant les mois de juillet et d’août, jusque-là que les rivières se gèlent. C’est que ces contrées-là ont beaucoup de salpêtre ; les exhalaisons en sont fort froides, et la force de la chaleur les fait sortir de la terre en grande abondance. Mercure sera, si vous voulez, une petite planète toute de salpêtre, et le Soleil tirera d’elle-même le remède au mal qu’il lui pourroit faire. Ce qu’il y a de sûr, c’est que la nature ne sauroit faire vivre les gens qu’où ils peuvent vivre, et que l’habitude, jointe à l’ignorance de quelque chose de