Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/104

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temps, mais de grosses masses solides, de figure fort irrégulière, toujours subsistantes, qui tantôt flottent sur le corps liquide du Soleil, tantôt s’y enfoncent ou entièrement ou en partie, et nous présentent différentes pointes ou éminences, selon qu’elles s’enfoncent plus ou moins, et qu’elles se tournent vers nous de différents côtés. Peut-être font-elles partie de quelque grand amas de matière solide qui sert d’aliment au feu du Soleil. Enfin, quoi que ce puisse être que le Soleil, il ne paraît nullement propre à être habité. C’est pourtant dommage, l’habitation seroit belle. On seroit au centre de tout, on verroit toutes les planètes tourner régulièrement autour de soi, au lieu que nous voyons dans leur cours une infinité de bizarreries, qui n’y paroissent que parce que nous ne sommes pas dans le lieu propre pour en bien juger, c’est-à-dire au centre de leur mouvement. Cela n’est-il pas pitoyable ? Il n’y a qu’un lieu dans le monde d’où l’étude des astres puisse être extrêmement facile, et justement dans ce lieu-là, il n’y a personne. Vous n’y songez pas, dit la Marquise. Qui seroit dans le Soleil ne verroit rien, ni planètes, ni étoiles fixes. Le Soleil n’efface-t-il pas tout ? Ce seroient ses habitants qui seroient bien fondés à se croire seuls dans toute la nature.