Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/112

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et non pas de frayeur, comme en celui-ci.

Et vous ne manquerez pas, dit la Marquise, à faire habiter ces quatre lunes, quoique ce ne soient que de petites planètes subalternes, destinées seulement à en éclairer une autre pendant ses nuits ? N’en doutez nullement, répondis-je. Ces planètes n’en sont pas moins dignes d’être habitées, pour avoir le malheur d’être asservies à tourner autour d’une autre plus importante.

Je voudrois donc, reprit-elle, que les habitants des quatre lunes de Jupiter fussent comme des colonies de Jupiter ; qu’elles eussent reçu de lui, s’il étoit possible, leurs lois et leurs coutumes ; que, par conséquent, elles lui rendissent quelque sorte d’hommage, et ne regardassent la grande planète qu’avec respect. Ne faudrait-il point aussi, lui dis-je, que les autre lunes envoyassent de temps en temps des députés dans Jupiter, pour lui prêter serment de fidélité ? Pour moi, je vous avoue que le peu de supériorité que nous avons sur les gens de notre Lune me fait douter que Jupiter en ait beaucoup sur les habitants des siennes, et je crois que l’avantage auquel il puisse le plus raisonnablement prétendre, c’est de leur faire peur. Par exemple, dans celle qui est la plus proche de lui, ils le voient seize cent fois plus grand que notre Lune ne nous paraît, quelle monstrueuse