Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/111

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repris-je, il n’en a point plus qu’il ne lui en faut. Il est cinq fois plus éloigné du Soleil que nous, c’est-à-dire qu’il en est à cent soixante cinq millions de lieues, et par conséquent ses lunes ne reçoivent, et ne lui renvoient, qu’une lumière assez faible. Le nombre supplée au peu d’effet de chacune. Sans cela, comme Jupiter tourne sur lui-même en dix heures, et que ses nuits, qui n’en durent que cinq, sont fort courtes, quatre lunes ne paraîtroient pas si nécessaires. Celle qui est la plus proche de Jupiter fait son cercle autour de lui en quarante-deux heures, la seconde en trois jours et demi, la troisième en sept, la quatrième en dix-sept et, par l’inégalité même de leurs cours, elles s’accordent à lui donner les plus jolis spectacles du monde. Tantôt elles se lèvent toutes quatre ensemble, et puis se séparent presque dans le moment ; tantôt elles sont toutes à leur midi rangées l’une au-dessus de l’autre ; tantôt on les voit toutes quatre dans le ciel à des distances égales ; tantôt, quand deux se lèvent, deux autres se couchent ; surtout, j’aimerois à voir ce jeu perpétuel d’éclipses qu’elles font ; car il ne se passe point de jour qu’elles ne s’éclipsent les unes les autres, ou qu’elles n’éclipsent le Soleil ; et assurément, les éclipses s’étant rendues si familières en ce monde-là, elles y sont un sujet de divertissement,