Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/124

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d’ici au Soleil, qui est de trente-trois millions de lieues et, si vous fâchiez un astronome, il les mettroit encore plus loin. La distance du Soleil à Saturne, qui est la planète la plus éloignée, n’est que trois cent trente millions de lieues ; ce n’est rien par rapport à la distance du Soleil ou la Terre aux étoiles fixes, et on ne prend pas la peine de la compter. Leur lumière, comme vous voyez, est assez vive et assez éclatante. Si elles la recevoient du Soleil, il faudroit qu’elles la reçussent déjà bien faible après un si épouvantable trajet ; il faudroit que, par une réflexion qui l’affaibliroit encore beaucoup, elles nous la renvoyassent à cette même distance. Il seroit impossible qu’une lumière, qui auroit essuyé une réflexion et fait deux fois un semblable chemin, eût cette force et cette vivacité qu’a celle des étoiles fixes. Les voilà donc lumineuses par elles-mêmes, et toutes, en un mot, autant de Soleils.

Ne me trompai-je point, s’écria la Marquise, ou si je vois où vous me voulez mener ? M’allez-vous dire : Les étoiles fixes sont autant de Soleils, notre Soleil est le centre d’un tourbillon qui tourne autour de lui ; pourquoi chaque étoile fixe ne sera-t-elle pas aussi le centre d’un tourbillon qui aura un mouvement autour d’elle ? Notre Soleil a des planètes qu’il éclaire, pourquoi chaque étoile fixe n’en