Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/125

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page n’a pas encore été corrigée

aura-t-elle pas aussi qu’elle éclairera ? Je n’ai à vous répondre, lui dis- je, que ce que répondit Phèdre à Enone : C’est toi qui l’as nommé.

Mais, reprit-elle, voilà l’univers si grand que je m’y perds, je ne sais plus où je suis, je ne suis plus rien. Quoi, tout sera divisé en tourbillons jetés confusément les uns parmi les autres ? Chaque étoile sera le centre d’un tourbillon, peut-être aussi grand que celui où nous sommes ? Tout cet espace immense qui comprend notre Soleil et nos planètes, ne sera qu’une petite parcelle de l’univers ? Autant d’espaces pareils que d’étoiles fixes ? Cela me confond, me trouble, m’épouvante. Et moi, répondis-je, cela me met à mon aise. Quand le ciel n’étoit que cette voûte bleue, où les étoiles étoient clouées, l’univers me paraissoit petit et étroit, je m’y sentois comme oppressé ; présentement qu’on a donné infiniment plus d’étendue et de profondeur à cette voûte en la partageant en mille et mille tourbillons, il me semble que je respire avec plus de liberté, et que je suis dans un plus grand air, et assurément l’univers a toute une autre magnificence. La nature n’a rien épargné en le produisant, elle a fait une profusion de richesses tout à fait digne d’elle. Rien n’est si beau à se représenter que ce nombre prodigieux de tourbillons, dont le milieu est occupé