Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/131

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page n’a pas encore été corrigée

sans planètes ; d’autres dont le Soleil, n’étant pas au centre, ait un véritable mouvement, et emporte ses planètes avec soi ; d’autres dont les planètes s’élèvent ou s’abaissent à l’égard de leur Soleil par le changement de l’équilibre qui les tient suspendues. Enfin que voudriez-vous ? En voilà bien assez pour un homme qui n’est jamais sorti de son tourbillon.

Ce n’en est guère, répondit-elle, pour la quantité des mondes. Ce que vous dites ne suffit que pour cinq ou six, et j’en vois d’ici des milliers.

Que serait-ce donc, repris-je, si je vous disois qu’il y a bien d’autres étoiles fixes que celles que vous voyez, qu’avec des lunettes on en découvre un nombre infini qui ne se montrent point aux yeux, et que dans une seule constellation où l’on en comptoit peut-être douze ou quinze, il s’en trouve autant que l’on en voyoit auparavant dans le ciel ?

Je vous demande grâce, s’écria-t-elle, je me rends ; vous m’accablez de mondes et de tourbillons. Je sais bien, ajoutai-je, ce que je vous garde. Vous voyez cette blancheur qu’on appelle la Voie de lait. Vous figureriez-vous bien ce que c’est ? Une infinité de petites étoiles invisibles aux yeux à cause de leur petitesse, et semées si près les unes des autres qu’elles paraissent former une lueur continue. Je voudrois que vous vissiez