Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/132

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avec des lunettes cette fourmilière d’astres, et cette graine de mondes. Ils ressemblent en quelque sorte aux îles Maldives, à ces douze mille petites îles ou bancs de sable, séparés seulement par des canaux de mer, que l’on sauteroit presque comme des fossés. Ainsi, les petits tourbillons de la Voie de lait sont si serrés qu’il me semble que d’un monde à l’autre on pourroit se parler, ou même se donner la main. Du moins je crois que les oiseaux d’un monde passent aisément dans un autre, et que l’on y peut dresser des pigeons à porter des lettres, comme ils en portent ici dans le levant d’une ville à une autre. Ces petits mondes sortent apparemment de la règle générale, par laquelle un Soleil dans son tourbillon efface dès qu’il paraît tous les Soleils étrangers. Si vous êtes dans un des petits tourbillons de la Voie de lait, votre Soleil n’est presque pas plus proche de vous, et n’a pas sensiblement plus de force sur vos yeux, que cent mille autres Soleils des petits tourbillons voisins. Vous voyez donc votre ciel briller d’un nombre infini de feux, qui sont fort proches les uns des autres, et peu éloignés de vous. Lorsque vous perdez de vue votre Soleil particulier, il vous en reste encore assez, et votre nuit n’est pas moins éclairée que le jour, du moins la différence ne peut pas être