Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/14

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

êtes philosophe, et vous ne vous en moquerez pas tant qu’un autre. Peut-être même serez-vous bien aise que j’aie attiré Madame la Marquise dans le parti de la philosophie. Nous ne pouvions faire une acquisition plus considérable ; car je compte que la beauté et la jeunesse sont toujours des choses d’un grand prix. Ne croyez-vous pas que si la sagesse elle-même vouloit se présenter aux hommes avec succès, elle ne feroit point mal de paraître sous une figure qui approchât un peu de celle de la Marquise ? Surtout si elle pouvoit avoir dans sa conversation les mêmes agrémens, je suis persuadé que tout le monde courroit après la sagesse. Ne vous attendez pourtant pas à entendre des merveilles, quand je vous ferai le récit des entretiens que j’ai eus avec cette dame ; il faudrait presque avoir autant d’esprit qu’elle, pour répéter ce qu’elle dit de la manière dont elle l’a dit. Vous lui verrez seulement cette vivacité d’intelligence que vous lui connoissez. Pour moi, je la tiens savante, à cause de l’extrême facilité qu’elle auroit à le devenir. Qu’est-ce qui lui manque ? D’avoir ouvert les yeux sur des livres ; cela n’est rien, et bien des gens l’ont fait toute leur vie, à qui je refuserois, si j’osois, le nom de savans. Au reste, Monsieur, vous m’aurez une obligation. Je sais bien qu’avant que d’entrer dans le détail des