Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/149

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malicieusement. Je n’ai pas manqué de leur dire aussitôt que toutes les planètes étoient habitées. L’un d’eux m’a dit qu’il étoit fort persuadé que je ne le croyois pas ; moi, avec toute la naïveté possible, je lui ai soutenu que je le croyois ; il a toujours pris cela pour une feinte d’une personne qui vouloit se divertir, et j’ai cru que ce qui le rendoit si opiniâtre à ne me pas croire moi même sur mes sentimens, c’est qu’il m’estimoit trop pour s’imaginer que je fusse capable d’une opinion si extravagante. Pour l’autre, qui ne m’estime pas tant, il m’a crue sur ma parole. Pourquoi m’avez-vous entêtée d’une chose que les gens qui m’estiment ne peuvent pas croire que je soutienne sérieusement ? Mais, Madame, lui répondis-je, pourquoi la souteniez-vous sérieusement avec des gens que je suis sûr qui n’entroient dans aucun raisonnement qui fût un peu sérieux ? Est-ce ainsi qu’il faut commettre les habitants des planètes ? Contentons-nous d’être une petite troupe choisie qui les croyons, et ne divulguons pas nos mystères dans le peuple. Comment, s’écria-t-elle, appelez-vous peuple les deux hommes qui sortent d’ici ? Ils ont bien de l’esprit, répliquai-je, mais ils ne raisonnent jamais. Les raisonneurs, qui sont gens durs, les appelleront peuple sans