Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/159

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et autour du Soleil, et autour d’elle-même. Les années seroient plus courtes, et les jours aussi, ainsi on ne pourroit s’en apercevoir, parce qu’on ne laisseroit pas de partager toujours les années en trois cent soixante-cinq jours, et les jours en vingt-quatre heures. Ainsi, sans vivre plus que nous ne vivons présentement, on vivroit plus d’années ; et au contraire, que la Terre s’éloigne du Soleil, on vivra moins d’années que nous, et on ne vivra pas moins. Il y a beaucoup d’apparence, dit-elle, que quand cela serait, de longues suites de siècles ne produiroient que de bien petites différences. J’en conviens, répondis-je ; la conduite de la nature n’est pas brusque, et sa méthode est d’amener tout par des degrés qui ne sont sensibles que dans les changemens fort prompts et fort aisés. Nous ne sommes presque capables de nous apercevoir que de celui des saisons ; pour les autres, qui se font avec une certaine lenteur, ils ne manquent guère de nous échapper. Cependant tout est dans un branle perpétuel, et par conséquent tout change ; et il n’y a pas jusqu’à une certaine demoiselle que l’on a vue dans la Lune avec des lunettes, il y a peut-être quarante ans, qui ne soit considérablement vieillie. Elle avait un assez beau visage ; ses joues se sont enfoncées, son nez s’est allongé, son front et son menton