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Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/158

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quoique ce soit à nos dépens. Pour moi, repris-je, je suis si ennemi de l’égalité parfaite, que je ne trouve pas bon que tous les tours que la Terre fait chaque jour sur elle-même soient précisément de vingt-quatre heures et toujours égaux les uns aux autres ; j’aurois assez d’inclination à croire qu’il y a des différences. Des différences ! s’écria-t-elle. Et nos pendules ne marquent-elles pas une entière égalité ? Oh ! répondis-je, je récuse les pendules ; elles ne peuvent pas elles-mêmes être tout à fait justes, et quelquefois qu’elles le seront, en marquant qu’un tour de vingt-quatre heures sera plus long ou plus court qu’un autre, on aimera mieux les croire déréglées que de soupçonner la Terre de quelque irrégularité dans ses révolutions. Voilà un plaisant respect qu’on a pour elle, je ne me fierois guère plus à la Terre qu’à une pendule ; les mêmes choses à peu près qui dérégleront l’une dérégleront l’autre ; je crois seulement qu’il faut plus de temps à la Terre qu’à une pendule pour se dérégler sensiblement, c’est tout l’avantage qu’on peut lui accorder. Ne pourrait-elle pas peu à peu s’approcher du Soleil ? Et alors se trouvant dans un endroit où la matière seroit plus agitée, et le mouvement plus rapide, elle feroit en moins de temps sa double révolution