Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/162

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et se soit jeté entre l’Europe et l’Afrique, je le croirois sans beaucoup de peine. Ce fut alors une belle tache que les habitants de la Lune virent paraître tout à coup sur notre Terre ; car vous savez, Madame, que les mers sont des taches. Du moins l’opinion commune est que la Sicile a été séparée de l’Italie, et Chypre de la Syrie ; il s’est quelquefois formé de nouvelles îles dans la mer ; des tremblemens de terre ont abîmé des montagnes, en ont fait naître d’autres, et ont changé le cours des rivières ; les philosophes nous font craindre que le royaume de Naples et la Sicile, qui sont des terres appuyées sur de grandes voûtes souterraines remplies de soufre, ne fondent quelque jour, quand les voûtes ne seront plus assez fortes pour résister aux feux qu’elles renferment et qu’elles exhalent présentement par des soupiraux tels que le Vésuve et l’Etna. En voilà assez pour diversifier un peu le spectacle que nous donnons aux gens de la Lune.

J’aimerois bien mieux, dit la Marquise, que nous les ennuyassions en leur donnant toujours le même, que de les divertir par des provinces abîmées.

Cela ne seroit encore rien, repris-je, en comparaison de ce qui se passe dans Jupiter. Il paraît sur sa surface comme des bandes, dont il seroit enveloppé, et