Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/163

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page n’a pas encore été corrigée

que l’on distingue les unes des autres, ou des intervalles qui sont entre elles, par les différens degrés de clarté ou d’obscurité. Ce sont des terres et des mers, ou enfin de grandes parties de la surface de Jupiter, aussi différentes entre elles. tantôt ces bandes s’étrécissent, tantôt elles s’élargissent ; elles s’interrompent quelquefois, et se réunissent ensuite ; il s’en forme de nouvelles en divers endroits, et il s’en efface, et tous ces changemens, qui ne sont sensibles qu’à nos meilleures lunettes, sont en eux-mêmes beaucoup plus considérables que si notre Océan inondoit toute la terre ferme, et laissoit en sa place de nouveaux continens. À moins que les habitants de Jupiter ne soient amphibies, et qu’ils ne vivent également sur la terre et dans l’eau, je ne sais pas trop bien ce qu’ils deviennent. On voit aussi sur la surface de Mars de grands changemens, et même d’un mois à l’autre. En aussi peu de temps, des mers couvrent de grands continens, ou se retirent par un flux et reflux infiniment plus violent que le nôtre, ou du moins c’est quelque chose d’équivalent. Notre planète est bien tranquille auprès de ces deux-là, et nous avons grand sujet de nous en louer, et encore plus s’il est vrai qu’il y ait eu dans Jupiter des pays grands comme toute l’Europe embrasés.