Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/166

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les avoir plutôt, et les perdre plus tard.

Sur ce pied-là, je dois me dédire de ce que je vous avois dit, que la Lune ne devoit point avoir de crépuscules, faute d’être environnée d’un air épais ainsi que la Terre. Elle n’y perdra rien, ses crépuscules lui viendront de cette espèce d’air épais qui environne le Soleil, et qui en renvoie les rayons dans des lieux où ceux qui partent directement de lui ne peuvent aller. Mais ne voilà-t-il pas aussi, dit la Marquise, des crépuscules assurés pour toutes les planètes, qui n’auront pas besoin d’être enveloppées chacune d’un air grossier, puisque celui qui enveloppe le Soleil seul peut faire cet effet-là pour tout ce qu’il y a de planètes dans le tourbillon ? Je croirois assez volontiers que la nature, selon le penchant que je lui connois à l’économie, ne se seroit servie que de ce seul moyen. Cependant, répliquai-je, malgré cette économie, il y auroit à l’égard de notre Terre deux causes de crépuscules, dont l’une, qui est l’air épais du Soleil, seroit assez inutile, et ne pourroit être qu’un objet de curiosité pour les habitants de l’observatoire ; mais il faut tout dire, il se peut qu’il n’y ait que la Terre qui pousse hors de soi des vapeurs et des exhalaisons assez grossières pour produire des crépuscules, et la nature aura eu raison