Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/168

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présumer de l’adresse de la nature ; mais elle a une autre sorte d’adresse toute particulière pour se dérober à nous, et on ne doit pas s’assurer aisément d’avoir deviné sa manière d’agir, ni ses desseins. En fait des découvertes nouvelles, il ne se faut pas trop presser de raisonner, quoiqu’on en ait toujours assez d’envie, et les vrais philosophes sont comme les éléphants, qui en marchant ne posent jamais le second pied à terre, que le premier n’y soit bien affermi. La comparaison me paraît d’autant plus juste, interrompit-elle, que le mérite de ces deux espèces, éléphants et philosophes, ne consiste nullement dans les agrémens extérieurs. Je consens que nous imitions le jugement des uns et des autres ; apprenez-moi encore quelques-unes des dernières découvertes, et je vous promets de ne point faire de système précipité.

Je viens de vous dire, répondis-je, toutes les nouvelles que je sais du ciel, et je ne crois pas qu’il y en ait de plus fraîches. Je suis bien fâché qu’elles ne soient pas aussi sur prenantes et aussi merveilleuses que quelques observations que je lisois l’autre jour dans un abrégé des Annales de la Chine, écrit en latin. On y voit des mille étoiles à la fois qui tombent du ciel dans la mer avec un grand fracas, ou qui se dissolvent, et