Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/169

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s’en vont en pluie. Cela n’a pas été vu pour une fois à la Chine, j’ai trouvé cette observation en deux temps assez éloignés, sans compter une étoile qui s’en va crever vers l’Orient, comme une fusée, toujours avec grand bruit. Il est fâcheux que ces spectacles-là soient réservés pour la Chine, et que ces pays-ci n’en aient jamais eu leur part. Il n’y a pas longtemps que tous nos philosophes se croyoient fondés en expérience pour soutenir que les cieux et tous les corps célestes étoient incorruptibles, et incapables de changement, et pendant ce temps-là d’autres hommes à l’autre bout de la Terre voyoient des étoiles se dissoudre par milliers, cela est assez différent. Mais, dit-elle, n’ai-je pas toujours ouï dire que les Chinois étoient de si grands astronomes ? Il est vrai repris-je, mais les Chinois y ont gagné à être séparés de nous par un long espace de terre, comme les Grecs et les Romains à en être séparés par une longue suite de siècles, tout éloignement est en droit de nous imposer. En vérité je crois toujours, de plus en plus, qu’il y a un certain génie qui n’a point encore été hors de notre Europe, ou qui du moins ne s’en est pas beaucoup éloigné. Peut-être qu’il ne lui est pas permis de se répandre dans une grande étendue de terre à la fois, et que