Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/33

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à mon réveil le rivage changé, et cela me feroit bien voir que mon bateau auroit changé de place. Mais il n’en va pas de même de la Terre, j’y retrouve toutes choses comme je les avois laissées. Non pas, Madame, répondis-je, non pas ; le rivage a changé aussi. Vous savez qu’au delà de tous les cercles des planètes, sont les étoiles fixes ; voilà notre rivage. Je suis sur la terre, et la terre décrit un grand cercle autour du soleil. Je regarde au centre de ce cercle, j’y vois le soleil. S’il n’effaçoit point les étoiles, en poussant ma vue en ligne droite au-delà du soleil, je le verrois nécessairement répondre à quelques étoiles fixes ; mais je vois aisément pendant la nuit à quelles étoiles il a répondu le jour, et c’est exactement la même chose. Si la terre ne changeoit point de place sur le cercle où elle est, je verrois toujours le soleil répondre aux mêmes étoiles fixes ; mais dès que la terre change de place, il faut que je le voie répondre à d’autres étoiles. C’est-là le rivage qui change tous les jours ; et comme la terre fait son cercle en un an autour du soleil, je vois le soleil en l’espace d’une année répondre successivement à diverses étoiles fixes qui composent un cercle. Ce cercle s’appelle le zodiaque. Voulez-vous que je fasse ici une figure sur le sable ? Non, répondit-elle, je m’en passerai bien, et