Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/52

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous voit sans être vue, et nous voit sous la même figure que nous voyons la pleine lune. C’est alors pour les gens de la lune pleine-terre, s’il est permis de parler ainsi. Ensuite la lune, qui avance sur son cercle d’un mois, se dégage de dessous le soleil, et commence à tourner vers nous un petit coin de sa moitié éclairée, et voilà le croissant. Alors aussi les parties de la lune qui ont la nuit commencent à ne plus voir toute la moitié de la terre qui a le jour, et nous sommes en décours pour elles.

Il n’en faut pas davantage, dit brusquement la Marquise, je saurai tout le reste quand il me plaira, je n’ai qu’à y penser un moment, et qu’à promener la lune sur son cercle d’un mois. Je vois en général que dans la lune ils ont un mois à rebours du nôtre, et je gage que quand nous avons pleine lune, c’est que toute la moitié lumineuse de la lune est tournée vers toute la moitié obscure de la terre ; qu’alors ils ne nous voient point du tout, et qu’ils comptent nouvelle-terre. Je ne voudrois pas qu’il me fût reproché de m’être fait expliquer tout au long une chose si aisée. Mais les éclipses, comment vont-elles ? Il ne tient qu’à vous de le deviner, répondis-je. Quand la lune est nouvelle, qu’elle est entre le soleil et nous, et que toute sa moitié obscure est tournée vers nous qui avons le jour,