Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/53

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vous voyez bien que l’ombre de cette moitié obscure se jette vers nous. Si la lune est justement sous le soleil, cette ombre nous le cache, et en même temps noircit une partie de cette moitié lumineuse de la terre qui étoit vue par la moitié obscure de la lune. Voilà donc une éclipse de soleil pour nous pendant notre jour, et une éclipse de terre pour la lune pendant sa nuit. Lorsque la lune est pleine, la terre est entre elle et le soleil, et toute la moitié obscure de la terre est tournée vers toute la moitié lumineuse de la lune. L’ombre de la terre se jette donc vers la lune ; si elle tombe sur le corps de la lune, elle noircit cette moitié lumineuse que nous voyons et, à cette moitié lumineuse qui avoit le jour, elle lui dérobe le soleil. Voilà donc une éclipse de Lune pendant notre nuit, et une éclipse de soleil pour la Lune pendant le jour dont elle jouissait. Ce qui fait qu’il n’arrive pas des éclipses toutes les fois que la lune est entre le soleil et la terre, ou la terre entre le soleil et la lune, c’est que souvent ces trois corps ne sont pas exactement rangés en ligne droite, et que par conséquent celui qui devroit faire l’éclipse jette son ombre un peu à côté de celui qui en devroit être couvert.

Je suis fort étonnée, dit la Marquise, qu’il y ait si peu de mystère aux éclipses, et que tout le monde n’en devine pas la