Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/56

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foux, et le sont encore assez, pour adorer la lune, il y a des gens dans la lune qui adorent aussi la terre, et que nous sommes à genoux les uns devant les autres. Après cela, dit-elle, nous pouvons bien prétendre à envoyer des influences à la lune, et à donner des crises à ses malades ; mais comme il ne faut qu’un peu d’esprit et d’habileté dans les gens de ce pays-là pour détruire tous ces honneurs dont nous nous flattons, j’avoue que je crains toujours que nous n’ayons quelque désavantage.

Ne craignez rien, répondis-je, il n’y a pas d’apparence que nous soyons la seule sotte espèce de l’univers. L’ignorance est quelque chose de bien propre à être généralement répandu, et quoique je ne fasse que deviner celle des gens de la lune, je n’en doute non plus que des nouvelles les plus sûres qui nous viennent de là.

Et quelles sont ces nouvelles sûres ? interrompit-elle. Ce sont celles, répondis-je, qui nous sont rapportées par ces savans qui y voyagent tous les jours avec des lunettes d’approche. Ils vous diront qu’ils y ont découvert des terres, des mers, des lacs, de très hautes montagnes, des abîmes très-profonds.

Vous me surprenez, reprit-elle. Je conçois bien qu’on peut découvrir sur la Lune des montagnes et des abîmes, cela se reconnaît apparemment à des inégalités