Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/67

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si vastes ; mais nous qui avons tant de connoissances, nous nous figurerions bien qu’on pût aller par les airs, si l’on pouvoit effectivement y aller. On fait plus que se figurer la chose possible, répliquai-je, on commence déjà à voler un peu ; plusieurs personnes différentes ont trouvé le secret de s’ajuster des ailes qui les soutinssent en l’air, de leur donner du mouvement, et de passer par-dessus des rivières. À la vérité, ce n’a pas été un vol d’aigle, et il en a quelquefois coûté à ces nouveaux oiseaux un bras ou une jambe ; mais enfin cela ne représente encore que les premières planches que l’on a mises sur l’eau, et qui ont été le commencement de la navigation. De ces planches-là, il y avoit bien loin jusqu’à de gros navires qui pussent faire le tour du monde. Cependant peu à peu sont venus les gros navires. L’art de voler ne fait encore que de naître, il se perfectionnera, et quelque jour on ira jusqu’à la lune. Prétendons-nous avoir découvert toutes choses, ou les avoir mises à un point qu’on n’y puisse rien ajouter ? Eh, de grâce, consentons qu’il y ait encore quelque chose à faire pour les siècles à venir. Je ne consentirai point, dit-elle, qu’on vole jamais, que d’une manière à se rompre aussitôt le cou. Eh bien, lui répondis-je, si vous voulez qu’on vole toujours si mal ici, on volera mieux dans