Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/66

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la mer, qui vomissent du feu de toutes parts, et qui viennent jeter sur le rivage des gens inconnus, tout écaillés de fer, disposant comme ils veulent de monstres qui courent sous eux, et tenant en leur main des foudres dont ils terrassent tout ce qui leur résiste. D’où sont-ils venus ? Qui a pu les amener par-dessus les mers ? Qui a mis le feu en leur disposition ? Sont-ce les enfants du soleil ? car assurément ce ne sont pas des hommes. Je ne sais, Madame, si vous entrez comme moi dans la surprise des Américains ; mais jamais il ne peut y en avoir eu une pareille dans le monde. Après cela je ne veux plus jurer qu’il ne puisse y avoir commerce quelque jour entre la lune et la terre. Les Américains eussent-ils cru qu’il eût dû y en avoir entre l’Amérique et l’Europe qu’ils ne connoissoient seulement pas ? Il est vrai qu’il faudra traverser ce grand espace d’air et de ciel qui est entre la terre et la lune ; mais ces grandes mers paraissaient-elles aux Américains plus propres à être traversées ? En vérité, dit la Marquise en me regardant, vous êtes fou. Qui vous dit le contraire ? répondis-je. Mais je veux vous le prouver, reprit-elle, je ne me contente pas de l’aveu que vous en faites. Les Américains étoient si ignorants qu’ils n’avoient garde de soupçonner qu’on pût se faire des chemins au travers des mers