Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/86

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gardé de croire les relations des premiers qui en ont parlé, lorsqu’ils ont été de retour en ce grand pays auquel nous sommes inconnus ! Il me vient à l’esprit, dit la Marquise, que de ce pays-là dans l’autre il se fait des espèces de pélérinages pour venir nous considérer, et qu’il y a des honneurs et des privilèges pour ceux qui ont vu une fois en leur vie la grosse planète. Dumoins, repris-je, ceux qui la voient ont le privilège d’être mieux éclairés pendant leurs nuits, l’habitation de l’autre moitié de la Lune doit être beaucoup moins commode à cet égard-là. Mais, Madame, continuons le voyage que nous avions entrepris de faire de planète en planète, nous avons assez exactement visité la Lune. Au sortir de la lune, en tirant vers le soleil, on trouve vénus. Sur vénus je reprends le St. Denis. Vénus tourne sur elle-même, et autour du soleil comme la lune ; on découvre avec les lunettes d’approche, que vénus aussi bien que la lune est tantôt en croissant, tantôt en décours, tantôt pleine selon les diverses situations où elle est à l’égard de la terre. La lune, selon toutes les apparences, est habitée, pourquoi vénus ne le sera-t-elle pas aussi ? Mais, interrompit la Marquise, en disant toujours, pourquoi non ? vous m’allez mettre des habitants dans toutes les planètes ? N’en doutez pas, répliquai-je, ce pourquoi non a une vertu qui peuplera tout.