Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/98

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et en reçoit une lumière plus vive et plus de chaleur. Elle est à peu près aux deux tiers de la distance du Soleil à la Terre.

Je vois présentement, interrompit la Marquise, comment sont faits les habitants de Vénus. Ils ressemblent aux Mores grenadins, un petit peuple noir, brûlé du soleil, plein d’esprit et de feu, toujours amoureux, faisant des vers, aimant la musique, inventant tous les jours des fêtes, des danses et des tournois. Permettez-moi de vous dire, Madame, répliquai-je, que vous ne connoissez guère bien les habitants de Vénus. Nos Mores grenadins n’auroient été auprès d’eux que des Lapons et des Groënlandois pour la froideur et pour la stupidité.

Mais que sera-ce des habitants de Mercure ? Ils sont plus de deux fois plus proches du Soleil que nous. Il faut qu’ils soient fous à force de vivacité. Je crois qu’ils n’ont point de mémoire, non plus que la plupart des nègres, qu’ils ne font jamais de réflexion sur rien, qu’ils n’agissent qu’à l’aventure, et par des mouvements subits, et qu’enfin c’est dans Mercure que sont les Petites Maisons de l’univers. Ils voient le Soleil neuf fois plus grand que nous ne le voyons ; il leur envoie une lumière si forte que s’ils étoient ici, ils ne prendroient nos plus beaux jours