Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes, Leroy, 1820.djvu/97

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la même grandeur dont Vénus nous paraît. J’en suis bien aise, dit la Marquise, la Terre pourra être pour Vénus l’étoile du berger, et la mère des amours, comme Vénus l’est pour nous. Ces noms-là ne peuvent convenir qu’à une petite planète, qui soit jolie, claire, brillante, et qui ait un air galant. J’en conviens, répondis-je, mais savez-vous ce qui rend Vénus si jolie de loin ? C’est qu’elle est fort affreuse de près. On a vu avec les lunettes d’approche que ce n’étoit qu’un amas de montagnes beaucoup plus hautes que les nôtres, fort pointues, et apparemment fort sèches ; et par cette disposition la surface d’une planète est la plus propre qu’il se puisse à renvoyer la lumière avec beaucoup d’éclat et de vivacité. Notre Terre, dont la surface est fort unie auprès de celle de Vénus et en partie couverte de mers, pourroit bien n’être pas si agréable à voir de loin. Tant pis, dit la Marquise, car ce seroit assurément un avantage et un agrément pour elle que de présider aux amours des habitants de Vénus, ces gens-là doivent bien entendre la galanterie. Oh ! sans doute, répondis-je, le menu peuple de Vénus n’est composé que de Céladons et de Silvandres, et leurs conversations les plus communes valent les plus belles de Clélie. Le climat est très favorable aux amours, Vénus est plus proche que nous du Soleil,