Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes.djvu/118

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doit-être censée ne tourner point sur son centre à notre égard, cette moitié qui nous voit, nous voit toujours attachés au même endroit du ciel. Quand elle est dans la nuit, & ces nuits-là valent quinze de nos jours, elle voit d’abord un petit coin de la Terre éclairé, ensuite un plus grand, & presque d’heure en heure la lumière lui paraît se répandre sur la face de la Terre jusqu’à ce qu’enfin elle la couvre entière ; au lieu que ces mêmes changemens ne nous paraissent arriver sur la Lune que d’une nuit à l’autre, parce que nous la perdons longtemps de vue. Je voudrois bien pouvoir deviner les mauvais raisonnemens que font les philosophes de ce monde-là, sur ce que notre Terre leur paraît immobile, lorsque tous les autres corps célestes se lèvent & se couchent sur leurs têtes en quinze jours. Ils attribuent apparemment cette immobilité à sa grosseur ; car elle est soixante fois