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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/100

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DE LA SICILE.

dont les vestiges inspirent tant de surprise et de pitié.

Nous fîmes d’une seule traite les vingt-quatre milles qui séparent Castel-Vetrano de Sciacca. Traverser des bruyères, descendre et remonter dans des ravins, passer plusieurs fois l’Hypsa et l’Atys, voilà l’emploi de notre journée ; cependant cette campagne abandonnée offre à chaque instant les tableaux les plus variés, des paysages du plus haut style. C’est ainsi que les champs désolés des environs de Rome ont inspiré les chefs-d’œuvre des plus grands artistes en ce genre. Je ne rencontrai que deux vieux bourgeois de Sciacca, montés sur des mulets et précédés par un campieri à cheval, qui tenait fièrement un long fusil en travers sur le pommeau de sa selle. Les citoyens paisibles qu’il escortait, étaient coiffés d’un bonnet à oreilles, comme on en voit dans les portraits d’Holbein, comme en portait le bon roi René d’Anjou.

On quitte une vallée charmante qui précède Sciacca, pour entrer dans une petite ville délabrée, qui ne conserve rien des délices de Thermœ Selinuntiœ, aujourd’hui Sciacca. Fazelli, né dans cette ville, en fait un éloge pom-