Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
SOUVENIRS

Les antiquaires ne sont pas plus d’accord à Girgenti qu’à Rome sur les noms, sur la place des monumens qui n’existent plus, ou dont on ne voit que de faibles restes. Le peintre Politi, qui a de l’instruction et une connaissance profonde des antiquités de son pays, déplace la piscine, le forum, et ne veut reconnaître ni théâtre ni amphithéâtre, tandis que ses rivaux nomment tout, relèvent tout, indiquent les rues, les places, les gymnases, les palestres, les hippodromes, le palais de Phalaris, le sépulcre de Théron, et ne sont embarrassés de rien. Le voyageur, assez incertain au milieu de ce conflit d’explications, s’étonne cependant de rencontrer aussi peu de traces de monumens en marbre dans les ruines d’une ville si riche, et qui, du temps d’Empédocle, comptait jusqu’à huit cent mille habitans. Les rues, les places publiques, ont toujours dû suivre le mouvement d’un terrain plus qu’inégal ; et le lieu où pouvait être la ville, était adossé à une montagne brûlante. On est surpris de la petitesse des voies publiques, et, entre autres, de celle qui passait sous la porta Aurea, au-dessous du temple d’Hercule, et sous celle de Gela. Il n’y eut certainement jamais dans l’ancienne Agri-