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DE LA SICILE.

abondantes et régulières eussent disparu : nous ne rencontrions en effet que des fontaines et des abreuvoirs inutiles. Lorsque les vallées calcaires de la Sicile méridionale s’échauffent à ce point, marcher est un supplice violent. Un ciel d’airain fait regretter les tempêtes ; si le vent s’élève faiblement, il est aspiré avec transport : mais c’est l’Afrique qui vous l’envoie ; bientôt la bouche se dessèche, le gosier s’embrase, et tous les objets s’offrent à vos regards à travers une vapeur ondoyante comme la flamme. Aussi quelles délices que de trouver dans un village de l’eau à la glace ! Comme on se hâte d’y exprimer le jus d’un citron et d’obtenir une limonade qu’on savoure avec transport !

Après avoir laissé de côté Modica et Noto, on grimpe par des chemins affreux, bien plus impraticables encore que celui de Girgenti, jusqu’à Calta Girone, ou plutôt Calata Hierone ; car on n’est pas d’accord à ce sujet. Ce chemin est un monument curieux de l’indifférence d’un peuple et de l’oubli d’un gouvernement. Ce dernier ne pense pas plus à réparer que l’autre ne songe à réclamer. Calta Girone, placée sur le sommet d’une montagne, est une petite ville