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SOUVENIRS

en cascades sur les gradins de l’amphithéâtre ; elle s’est échappée d’un aqueduc appuyé sur des rochers couverts de lierre. Cette onde, qui coule sans cesse, semble vouloir aider le temps à effacer et le sang des victimes et toutes les traces d’une magnificence passée. Cependant ces restes s’agrandissent du souvenir de Timoléon. Je me figure encore ce vénérable vieillard, ce libérateur de la patrie, infirme, aveugle, arrivant à ce théâtre et averti de la présence de tout un peuple par les bénédictions qui s’élevaient jusqu’à lui. Je vois ce peuple debout, contraignant le héros modeste d’écouter avant le spectacle le récit de ses plus grandes actions, et terminant cette cérémonie touchante par un cri unanime de liberté qui montait jusqu’aux cieux. Quel contraste avec ce Mamercus, tyran de Catane, appelé dans ce lieu pour y comparaître devant le peuple syracusain, forcé par les clameurs de la multitude à chercher vainement la mort en se précipitant des gradins, et portant sa tête coupable sur un échafaud !

Syracuse a encore un sénat dont l’unique emploi est de veiller sur la châsse de S.te Julienne. La statue en argent de cette sainte est