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SOUVENIRS

On ne vit jamais de plus pitoyables statues de bronze que celles qui décorent les places publiques de Messine. Je voudrais faire une exception pour celle de don Juan d’Autriche : encore le vainqueur de Lépante est-il bien raide et a-t-il la tête bien petite. Quant à la statue équestre de Charles III et à la statue pédestre du roi actuel, ce sont des caricatures coulées en bronze. L’auteur de ces immortelles mauvaises plaisanteries ne sera jamais placé au rang des flatteurs. Le roi Ferdinand a l’air d’un matamore ; l’artiste a sur-tout fort maladroitement exagéré le trait qui a valu à ce monarque le surnom de Nasone, au lieu de rendre ce que sa physionomie a de paternel.

Ainsi un port abandonné, peu d’industrie, point d’arts ; une instruction lente, routinière, tournée vers une théologie subtile et abstraite ; une noblesse oisive, une populace profondément misérable, une foule épaisse de chanoines : voilà Messine en 1820.

J’ai vu la procession qui se renouvelle tous les ans pour célébrer l’entrée du cardinal Ruffo dans Naples à la tête de son armée calabroise. Une immense file de religieux menant tous par