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DE LA SICILE.

tecture ; ses fautes sont immortelles. Le siècle qui voit construire un édifice et qui lègue à la postérité ce témoignage de l’état des arts, demeure solidaire de ses défauts.

Les orangers viennent naturellement dans les plaines des environs de Reggio ; et, avant que les Sarrasins fussent chassés de l’Italie, toutes les avenues de cette ville étaient embellies par des bosquets de palmiers. Les chrétiens, auxquels ce bel arbre rappelait, on ne sait pourquoi, le mahométisme, coupèrent presque tous les palmiers de ce rivage. Les figues, les raisins, les ananas de Reggio sont d’un goût exquis, et ses parfums sont très-recherchés. Outre tout ce que cette ville a eu à souffrir des tremblemens de terre, sa position à l’entrée de l’Italie l’a livrée trois fois à la fureur des Turcs. Ils la traitèrent sur-tout de la façon la plus cruelle en 1593.

Après avoir fait quelques dessins, et nous être rendus par terre à Scylla, que nous dessinâmes aussi, je revins à Messine dont nous fîmes une vue générale, prise de la terrasse de San-Gregorio. Je me reposais souvent de mes courses fatigantes chez des religieux ; entre autres, chez