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DE LA SICILE.

Vecchia où je me trouvai si fatigué de la mer, que je me décidai à me rendre à Naples par terre. Arrivé de nuit à Civita-Vecchia, j’attendais le jour avec impatience.

Je n’ai jamais vu l’Italie sans une vive émotion. Le soleil se leva et me montra ce pays dont j’aime jusqu’à la langueur. Ces tours si pittoresques, peintes tant de fois par Vernet et qui semblent vouloir défendre l’entrée du port de Civita-Vecchia, n’étaient gardées que par de pauvres soldats malades. La sentinelle la plus voisine de nous, minée par la fièvre, pouvant à peine soutenir le poids de son fusil, causait avec un abbé en manteau court, qui venait d’acheter un poisson et le portait avec distraction et bonne grâce. J’étais donc en Italie ! j’abordais encore une fois cette terre le cœur plein de sentimens affectueux ! C’était aussi une patrie pour moi, parée de tous les souvenirs de mes jeunes années. Le charme de l’Italie ne saurait se peindre ni s’exprimer sans chercher à l’apprendre à ceux auxquels il échappe, je me contenterai de les plaindre. L’aspect de cette terre fortunée produit sur l’âme une sensation qui ne pourrait se comparer qu’à l’effet d’une musique lointaine