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NOTES.

Scipion l’Africain. Et remarquez ici, Romains, l’attention scrupuleuse du vainqueur, afin que les grands exemples de vertu qu’offre votre histoire, en vous rappelant des souvenirs flatteurs, vous pénètrent d’une juste indignation contre l’audace inconcevable de l’accusé. Sachant que la Sicile avait été souvent ravagée par les Carthaginois, il convoque tous les Siciliens ; il s’engage à faire les plus exactes recherches, et promet à chaque peuple la restitution, s’il y a lieu, de tout ce qui peut lui avoir appartenu. Ce fut alors que l’on rendit aux Thermitains les statues enlevées de la ville d’Himère, et dont je vous ai parlé. On rendit pareillement à ceux de Gela et d’Agrigente ce qu’ils avaient perdu. Ceux-ci recouvrèrent, entre autres choses, le fameux taureau de Phalaris, où ce tyran, le plus cruel qui fut jamais, se plaisait à faire enfermer des hommes vivans, pour les tourmenter par la violence des feux allumés tout autour. On rapporte que Scipion, en le rendant aux Agrigentins, leur dit qu’ils pouvaient juger s’il n’était pas plus avantageux pour eux d’obéir aux Romains que d’être esclaves de leurs compatriotes, puisque ce monument attestait tout à-la-fois et la cruauté de ces derniers et la douceur de notre empire.

À cette même époque, la statue dont il s’agit fut rendue soigneusement aux Ségestains, reportée à Ségeste, et replacée dans son ancien temple, au