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NOTES.

répondent à tout ce qui a été dit sur la vaste dimension de quelques tombeaux, et à ce qu’on a pu en inférer. Ces contes sur les géans, ayant été rejetés par des Siciliens mêmes, et, entre autres, par Carausius, ne doivent pas paraître mériter que nous perdions beaucoup de temps à les réfuter. Cependant, comme il est difficile d’effacer les idées superstitieuses quand elles se sont emparées des esprits, et que des gens éclairés ne repoussent pas le merveilleux, lorsqu’il est présenté par des auteurs tels que Fazelli, qui se porte souvent pour témoin oculaire, ce sera lui que j’essaierai de combattre. Je laisserai volontiers, et sans peine, à Thomas Fazelli sa réputation tout entière d’homme intègre, et je le reconnaîtrai pour un écrivain qui chérit la vérité : mais, soit la faute du siècle, qui se ressentait encore des ténèbres de la barbarie, soit erreur d’un esprit trop faible, il me sera facile, par une foule d’argumens, de démontrer au lecteur impartial et éclairé que Fazelli eut lui-même la crédulité la plus superstitieuse. Je n’en veux pour preuve que les récits de cet auteur au sujet du fleuve Alphée, de la fontaine Aréthuse, des enchantemens des démons, et des miracles de S. Philippe d’Argyre. Je passe sous silence ces contes, qui finiraient par donner de l’humeur ; mais je n’en veux pas prendre, lorsqu’il parie de la fécondité d’une femme d’Agrigente, mère