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HISTOIRE INDIENNE.

dront un jour visiter ce monument de ta piété filiale.

» À peine eûmes-nous franchi les barrières des Gattes et la limite du désert, qu’un double tissu voila mes traits : le respect vint gêner la confiance. Le voyage fut rapide : une maison nous était préparée à Seringapatnam ; un palais attendait le jeune rajah. Tipoo le combla d’honneurs, et le turban d’Omar ceignit le front de Misra que la tristesse devait bientôt obscurcir.

» Les plus riches présens nous furent offerts ; cinquante dromadaires étaient toujours à nos ordres. À notre seul aspect, le front des poligars de Mysore se baissait humblement dans la poussière. Tandis qu’à la cour du sultan mon père traitait des intérêts du rajah de Bednoure, je demeurais entourée d’esclaves, et déplorant les ennuis inséparables de la grandeur. Mes seules distractions étaient d’entendre, le soir, les concerts que Misra, entièrement séparé de moi, faisait donner sous mes fenêtres, pour obtenir l’occasion de m’entrevoir. Des barques chargées de musiciens couvraient la rivière, dont les eaux baignaient une terrasse voisine