Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/401

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
374
LE RAJAH DE BEDNOURE,

ration que lui avait inspirée ce caractère doux et protecteur.

Solamé ignorait que William suppliait M. Makinston de l’unir à elle. Le facteur détruisit toutes les espérances de son fils, et crut devoir lui découvrir la cause de ce refus. L’amour du jeune homme s’en accrut davantage : souffrant et affaibli, il resta auprès de celle qu’il aimait, et, lorsqu’il insistait pour quitter Anjenga et même tes Indes, « Pourquoi vouloir nous fuir ? lui disait-elle. Nous n’avons pas l’esprit aussi cultivé que les dames de l’Europe ; vous ne trouverez ici ni leurs grâces, ni leurs talens : mais où rencontrerez-vous une sœur plus tendre ? Restez parmi nous ; la seule idée de votre départ me glace d’effroi. — Pourquoi resterai-je ? lui répondait William : Solamé me conjurerait de partir, si elle avait la moindre idée de ce qui se passe dans mon ame. — Non jamais, reprit-elle ; et quand Misra deviendra mon époux, vous serez son frère, le mien. — Moi ! s’écria t-il avec horreur. — Vous refusez donc mon amitié ? Eh bien ! éloignez-vous, partez, désolez ce qui vous entoure et vous chérit. — Ah ! dit William, si j’étais aimé, je ne partirais pas ;