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HISTOIRE INDIENNE.

bruits qui circulaient dans Anjenga, où l’on avait cru au prochain mariage de Solamé et de William Makinston. « Je n’ai jamais perdu de vue, reprit le rajah, celui qui avait été l’appui de mon enfance et mon second père. J’ai voulu élever sa fille jusqu’à moi : Dieu sait que je la regardais comme ma légitime épouse. Après le sacrifice du trône de Canara, le souvenir de Solamé, la certitude de son amour, me firent supporter l’existence dans les cachots de Madegurrey. Je jugeais de son ame d’après la mienne ; j’avais porté Solamé dans mes bras, quand je ne marchais encore qu’avec peine. Je n’ai vécu pendant de longues années que de la moitié des fruits que j’allais cueillir pour elle. Dès que les Anglais eurent ouvert les portes de ma prison, je cherchai Solamé. Je me suis approché d’Anjenga ; des émissaires sûrs, des esclaves fidèles, sont partis de Cranganor. Plusieurs d’entre eux se sont introduits chez M. Makinston ; leurs rapports ont été unanimes, et l’indignation a brisé les liens que je chérissais. Je suis revenu ici pour combattre avec mes libérateurs, et ils m’ont rendu Bednoure et l’héritage de mes