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DE LA SICILE.

sible, pressé de me rendre en Sicile, sans que j’eusse néanmoins l’espérance de la visiter avant l’époque des plus grandes chaleurs. Après nous avoir fort effrayés de la rencontre des brigands, on alla jusqu’à me proposer un abonnement avec eux. Je ne pus accorder aucune sorte de confiance à l’homme entre les mains duquel il fallait s’abandonner : une figure sinistre, de gros diamans à ses doigts, et des pistolets dans sa poche ; tout cela, soutenu d’un parler patelin et de révérences profondes, me dégoûta de la négociation. J’eus lieu de m’en applaudir ; mon voyage fut parfaitement tranquille. Parti de Rome la nuit, je me réveillai au commencement des marais Pontins. Jamais une inscription plus modeste que celle que je vais rapporter, ne fixa le souvenir d’un grand bienfait. Un chemin magnifique traverse les marais Pontins ; de vastes canaux assurent l’écoulement des eaux ; la mer est repoussée dans ses limites naturelles. On se demande à qui les états romains doivent ces rares avantages, et on lit les paroles suivantes sur une simple borne :

OLIM PONTINA PALVS,
NVNC AGER PONTINVS.
OPVS PII VI.
ANNO MDCCXCIII.