Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/43

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sa ville natale. Cet éloge n’est pas suspect de la part d’un Français qui regrette le temps perdu pour les arts et si mal employé par cet habile sculpteur pendant son dernier séjour à Paris.

Des écrivains italiens qui espèrent avoir leur part de l’immortalité de Canova, parce qu’ils la proclament lourdement depuis long-temps, vont jouir de leur prérogative et créer ou détruire les réputations des écoles. C’est de leur façon qu’on sera désormais poverello ou celebrissimo. On élevait alors sur le pavois un jeune Romain qui fait avec patience des pastiches de Raphaël et d’André del Sarte. L’habitude de copier les grands maîtres, la vénération pour leurs ouvrages, détruisent entièrement l’originalité chez les artistes italiens. Les statuaires singent l’antique, au lieu de s’inspirer de ses chefs-d’œuvre ; les peintres se traînent avec plus ou moins de succès sur les traces de Carle Maratte. Les Allemands qui habitent Rome, et qui reprennent l’art à sa source, ne trouvent de vérité, d’élévation, que dans le Giotto et le Cimabué. Ils sont intimement persuadés que l’école italienne a été égarée sans retour par la dernière manière de Raphaël.

Je pris le chemin de Naples le plus tôt pos-