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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/75

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SOUVENIRS

Palerme et j’ai trouvé par-tout l’affection la plus vraie pour ce ménage royal, si uni et entouré de si jolis enfans. On reconnaît aisément la tige d’où nous vient une branche chargée de si beaux fruits. Un Français ne saurait voir sans émotion le berceau d’une princesse dont la Sicile ne connut que la grâce, tandis qu’il nous était réservé d’admirer son courage.

Comblé de bontés par son Altesse royale, muni de lettres pour les intendans et les chefs des communautés religieuses de la Sicile, j’allai dire adieu à Palerme du sommet de la Zizza. Ce château moresque, aussi curieux que l’Alhambra, est l’ouvrage d’un émir qui donna le nom de sa fille à ce monument élégant. Il appela Tuba, du nom de sa seconde fille, un autre château près de Monréale. Guillaume II fit traduire en latin une inscription chaldéenne trouvée près de la Zizza ; nous en donnerons la substance :

Pendant qu’Isaac, fils d’Abraham, régnait dans la vallée de Damas, et qu’Ésaü, fils d’Isaac, gouvernait l’Idumée, un grand nombre d’Hébreux, suivis de plusieurs habitans de Damas et de la Phénicie, abordèrent sur cette île triangulaire, et choisirent leur habitation dans ce bel endroit, auquel ils donnèrent le nom de Panormus.